« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Si Pirotte revenait


 

 

Si Pirotte revenait

son portrait craché

referait le monde qui s'inquiète

moins que ses poètes

Le monde qui dort dîne

se dandine et s'agite

moins fertile qu'une feuille un arbre

une brindille dans le bec usé d'un volatile

un brin d'herbe folle à délier

humé fumé mastiqué

dans les Feuilles de Walt

fertilisées par l'encre Whitman

Si Van Gogh revenait

ses yeux réveilleraient le monde

immonde

dans le temps-tournesol

Le monde est mort

Pirotte Van Gogh

Vincent Jean-Claude sont vivants

Artaud alchimiste

du soleil pulvérisé

broie encore le monde-langue

la langue-monde amande amère

du logos

dans son effervescence

son brasier d'ardoyance

de météore

Van Gogh aurait pu mourir de la silicose, chuté dans une tourbière, il fut tisserand des couleurs, un paysan -non un citadin- de la Peinture, le peintre des paysans.

Les citadins de la Poésie existent aussi, pas très loin de ceux qui ne la travaillent que pour leur gloire personnelle. Vincent saint Artaud Van Gogh sont allés au charbon.
 

Dom Corrieras implose

bouche à moudre paroles

dans la grande nuit torréfiée

du soleil chauffée à blanc la folie

éclate

le grain des orages de l'être

Sous l'énorme tombe tordue

il pleut le dialecte

d'une langue nouvelle

Tohu-bohu de la chair

tournebroche du Poème

Monte l'immense colonne d'air

Explosent le Verbe vos mots

le ciel mauve des hirondelles

Le soleil Dom Eno Tristan

André Nanaqui Artaud

Chenet Arthur Fousse Cabral

le soleil avec vous poètes

n'est pas terminé

Murielle Compère-Demarcy (MCDem.), 21.07.2020