« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Ce mot qui nomme le néant des êtres


 

 

Non, rien n'exprime mon «ultime sort»

Car le vieux mot forgé par les ancêtres,

Ce mot qui nomme le néant des êtres,

Annonce un temps, mais il l'annonce à tort :

 

Aucun présent ne lui sert de support,

Son avenir jamais ne s'enchevêtre

Dans le tissu des jours que seul pénètre

L'enjeu d'attendre les «derniers transports».

 

En m'effaçant du temps et de l'espace

Ce pur demain-sans-lendemain s'efface

Loin de tout deuil et de réconfort.

 

Son rien, toujours futur, rien ne l'imite

Et même si mon vers le délimite

Sa rime est un écho qui ne vient pas.

Gabriel Yturri / in Le coin de table - la revue de la poésie - N°2, avril 2000
Illustration : Gabriel de Yturri, pastel de Louise-Catherine Breslau, 1904.