« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Bars


 

 

J’aime les bars et les tavernes

près de la mer,

où les gens bavardent et boivent

rien que pour boire et bavarder.

Où jean Lobscur vient commander

l’indispensable petit verre

près de Jean Lagrogne ou Surin,

de Jean Tarin et même Jean

Toutcourt, rien d’autre, simplement

Jean.

 

La vague, ici, de l’amitié

déferle et bat ;

amitié peuple, sans grands mots,

vague de « Hola ! », « Comment va ? »

Et là, c’est l’odeur du poisson,

de  mangle, de rhum et de sel,

de chemise en sueur au soleil séchant.

 

Cherche-moi, frère, j’y serai

(à La Havane ou à Porto,

à Jacmel ou même à Shangaï),

je serai là où les gens simples

rien que pour boire et bavarder

peuplent les bars et les tavernes

près de la mer.

Nicolás Guillén / Le Chant de Cuba - Poèmes 1930-1972
traduction par Claude Couffon