« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LVI


 

 

Celuy qui voit comment je me pais de regretz,

     De desseins mal assis, d’une esperance vaine,

     D’un trop tard repentir, d’une peur trop soudaine,

     Les sanglotz estouffez qui se suivent de près,

Celuy qui voit comment j’essaye tout exprès

     A me noyer de pleurs au gré d’une inhumaine,

     Des souspirs de mon flanc revomissant ma peine,

     N’ayant tant de cheveux dessus moy que de tretz,

Celuy là qui me voit, ennemy de mon aise,

     Brusier opiniastre en celle mesme braise

     Qu’un amour trop constant a voulu atizer,

Me dit qu’il n’y a point de maistresse si belle

     Qui puisse meriter qu’on pleure tant pour elle,

     Ou bien qu’il n’y a point de vers pour la priser.

Théodore Agrippa d’Aubigné / L’Hécatombe à Diane