« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Huitième ciel


 

 

XCIV

 

La nuit pleure sa lune en une pluie d’étoiles.

Je pleure d’un bonheur comme le temps filant,

De grâce et de douceur, au firmament réel.

La tentation du temps tétanise et attise

La tentation du coeur qu’électrise l’ardeur.

Cratères et artères s’amalgament soudain

Quand l’astre redescend pour fondre en rouge sang

Dans le creux dissolu de ma poitrine en feu.

J’ai ravi la lune palpable comme en moi

Ce coeur sans décence qui secoue par essence

Ma chair d’existence. Si la lune culmine

Dans les bras des cimes, elle se nacre de blanc.

Ses rougeurs sont mon sang. Son absence est ma faute.

C’est mon huitième ciel, ma fenêtre aux étoiles.

Benjamin Milazzo / Ravissement - sonnets barbares