« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Les serveuses de bar


 

Non rien de rien je ne comprends rien à rien —
Chanson à la mode

 

 

Quelle vie mènent-elles ?

A quoi pensent-elles ?

C’est ce que j ‘ai vu, de mes yeux vus,

Oui, je le jure, voilà ce que j’ai vu.

 

Elles ne sont pas heureuses,

Mais éternellement tristes,

Elles sont toujours tristes, et sur cette tristesse,

Elles trompent leur monde, en feignant le bonheur.

 

Elles ont un certain chic

Mènent leur barque avec assez d’esprit

Et voient la vie en rose, dirait-on,

Sans manquer non plus de sans-gêne.

 

Mais en réalité, elles sont vraiment tristes,

Et au fond de leur cœur, l’inquiétude les ronge,

Aussi quand par hasard elles entendent parler des malheurs d’autrui

Tout en disant : « Mon dieu, que c’est triste ! », elles s’en réjouissent à grand bruit.

 

 

6 juin 1935

Nakahara Chûya / Poèmes