« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

SILENCE EN LIGURIE

 

 

La plaine d’eau souple s’achève.

Dans ses urnes le soleil
Encore secret se baigne.

Un incarnat léger s’écoule.

Elle ouvre tout d’un coup sur les baies
La grande douceur des yeux.

L’ombre submergée des roches meurt.

Doucement éclose des hanches joyeuses
Le véritable amour est une quiétude en flamme

Et je la goûte répandue
Par le gypse lustré de l’aile
D’une matinée immobile.

 

1922

Giuseppe Ungaretti / Sentiment du temps
traduit de l’italien par Jean Lescure