AIGUES
Par domcorrieras, le samedi 28 avril 2012 - Poèmes & chansons - lien permanent
Nous nous sommes assis
Formant un demi-cercle
Parmi les herbes folles
Non loin du campement
Attentifs
Nous nous sommes assis
Au milieu des épaves
Recouvertes de rouille
Pour déjeuner un peu
Des restes de la veille
Odeurs de cendres froides
Dans les replis humides
De nos habits usés
Le matin est monté
Droitement dans le ciel
Un temps
Attentifs
Nous nous sommes assis
Sur l'aire d'autoroute
Au milieu des carcasses
À demi disloquées
Qui nous servaient d'abris
À demi provisoires
Véhicules immobiles
L'absence de rumeur
Avait cédé la place
Aux bruits de cette vie
Plus touffus
Ramassés
Au sortir
Rameutés
Névrosés
Stridulants
Ça et là
Les bruits de dette vie
Claquaient dans le vent sec.
Véhicules immobiles
Quelques fumées au loin
Répandaient dans le jour
Leurs volutes serrées
Comme autant de signaux
Machinalement bruts
Juste en bas devant nous
L'autoroute semblait
Un lieu délimité
Enrubanné de noir
Où de petites taches
Figuraient lentement
Un temps
Démesuré
Nous nous sommes assis
Les jambes dans le vide
Pour regarder la ville
S'ouvrir comme un gros fruit
Devant notre indifférence
Nous allions bientôt manquer d'eau
Avant qu'il soit longtemps
Oublieux
Un temps
Oublieux
Nous nous sommes assis
Sur le rebord du monde
Pour un temps
Oublieux
D'une gorgée d'eau douce
Limpide
Nous nous sommes assis
Sur le rebord du monde
Pour prendre sa mesure
Pour changer d'équilibre
Le temps d'un contretemps
Limpide
Un peu comme aujourd'hui
Accessoirement
Un temps
Réel
Nous avons levé le camp
À la tombée du soir
Dépareillée
La caravane s'est formée
Pour ainsi dire à demi-mot
Didjeko / Ferrailleurs du Cosmos