« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Plutôt quelconque

 

 

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Quelqu'un a jeté des orties dans le ciel
Et la lune se serait pendue à la queue d'un âne
Tels sont les titres des journaux aujourd'hui
Dire que j'ai connu des villes
Où les femmes marchaient à quatre pattes
Où les chiens vendaient leurs charmes
À des autruches empaillées
Je me souviens encore d'avoir trouvé
Une étoile toute rouillée dans le caniveau
De la rue des Trois Soubrettes
Il y avait aussi ce bar
Où j'allais me saouler avec les métallos
Près de l'usine où l'on fabriquait
Des machines à coudre
Les lèvres des prisonniers politiques
Le patron n'était pas un mauvais bougre
Mais il était borgne, chauve, adipeux
Et ne s'exprimait que dans la langue des poètes.

Tiens... Quelqu'un a encore volé mes souliers
Pour aller au bal et je viens de lire
Qu'on enterrera demain la joie de vivre
Dans un cendrier en cuivre.

Alors, adieu monde réel
Je cours me réfugier
Dans la grotte aux phantasmes
Avant qu'il ne pleuve
Sur ma chemise.

© Dom Corrieras / Inédits - Reliegos - juin 2012
Photo Dom Corrieras