« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Laisse-moi te parler du cœur

 

 





Laisse-moi te parler du cœur

le cœur n'est pas ce que tu crois

qu'une croix au milieu des fleurs

deux fleurs, tristes poumons étroits

 

 

Car ce cœur-là dont je te cause

l'oiseau, la caille, le petit rat

mourant, touche-le si tu oses

ce cœur, parole, te répondra

 

 

Laisse-moi te parler du cœur

qu'on attend plus, qu'on entend pas

qui ne bat pas toujours à l'heure

ni ne se laisse mettre au pas

 

 

Dans sa caverne aux couleurs tendres

hésite, tousse tousse et cogne

ce cœur que je voudrais te tendre

caché dans ma poitrine borgne

 

 

Laisse-moi te parler du cœur

avec trois mots et quelques larmes

ce cœur n'est plus qu'un déserteur

piégé entre l'esprit et l'âme

 

 

Ce cœur-là malgré le râle

malgré les ratés du batteur

malgré le voile, les veines pâles

que je chante avec ma peur

 

 

Laisse-moi te parler du cœur

mais oublies-en l'ultime danse

invente plutôt le bonheur

invente ma dernière chance

 

 

N'écoute plus, ouvre le cœur

avec tes doigts, avec ta langue

l'oiseau, la caille, et cette odeur

de tout ton corps qui tangue, tangue

Normand de Bellefeuille / La marche de l'aveugle sans son chien (Epilogue - Laisse parler le cœur)