« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Corbeau de malheur

 

 





Pour qui pousses-tu ce cri

lugubre,

ô corbeau de malheur ?

Car ta plainte me parvient,

laide et odieuse.

 

 

Chaque matin,

ne trouvant pas ta nourriture,

tu te diriges vers moi

et tu cries,

en me regardant

d'un air menaçant.

 

 

Tu m'annonces,

par tes croassements,

que je ne dois m'attendre

à quelque faveur ce jour-là.

Corbeau,

tu es à coup sûr

loin de la vérité.

Je souhaite

qu'il ne te reste aucun

bon conseiller

au plus fort de ta détresse.

 

 

Si un jour tu n'excites

aucun trouble en moi,

il te suffira de remplir

de tes cris

le ciel couleur de cendre

au beau milieu du jour.

Djamil - poète arabe nomade de la tribu des Banou-Odhra, mort en 82/701.
Traduit par René R. Khawam.