« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

SI JE MEURS

 

 

 

Si je meurs, qu'aille ma veuve
à Javel près de Citron.
dans un bistrot elle y trouve,
à l'enseigne du Beau Brun,

trois musiciens de fortune
qui lui joueront — mi ré mi —
l'air de la petite Tane
qui m'aurait peut-être aimé

puisqu'elle n'offrait qu'une ombre
sur le rail des violons.
Mon épouse, ô ma novembre,
sous terre les jours sont lents.

 

Jacques Audiberti
Illustration : Jacques Audiberti par Léonor Fini