« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Quitter le port

 

 

 

C'était un matin calme
C'était un beau matin
Toutes les chaînes semblaient vouloir se rompre d'elles-mêmes
Tous les bateaux quitter le port

Debout sur le pont
Bras dessus bras dessous avec mon nouvel ami
Nous suivions d'un regard pathétique de mouettes
La forêt de cocotiers luxuriante
Qui disparaissait dans les vapeurs d'eau qui s'élevaient
(Je ne me souviens plus du nom de cet ami)

Et ainsi quand on a pris la mer
Même les périodes les plus longues passent en un éclair
(J'ai déjà tout oublié de cette année)
Regardez !      Dans les interstices du vent
Comment
Nous pourrions devenir de légères ailes blanches

Ah !      Sans distinction entre le jour et la nuit
Dans le ciel immense
Nous continuions en pure perte de chercher une île
Alors que la proue du bateau équipé pour les sauvetages
Ne faisait plus que graviter indéfiniment
Autour de la petite Croix du Sud —

Ayukawa Nobuo / Poèmes 1945-1955
traduit du japonais par Karine Marcelle Arneodo