« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

DISSONANCES

 

 

 

Le vent chasse chien de race
Dans le bois grelottant
Un sabbat tournoyant de feuilles mortes

Corps étrangers, âmes sans feu ni lieu

La pie tapie dans l'églantier
Guette le rouge-gorge
Deux gouttes de désespoir
Rouillent déjà la source aux vierges sages

Fausse note du dernier pendu

Le soir sonne le rappel
Des mantes religieuses du salut
Un Avé pour leurs péchés exsangues
Un Pater pour leur foi sans sève

Pas de pitié pour les filles-mères

Cloche à plongeur
Pour un ange perdu
Un matelot noyé pour avoir trop bu
Et trop prêté l'oreille aux sirènes des brumes

Ô guitares de chair sur les plages en feu !

Edmond Dune / XXIV poèmes pour cœur mal tempéré (1967)