Le signe se nourrit de lui-même
Par domcorrieras, le jeudi 13 juillet 2023 - Poèmes & chansons - lien permanent
Le signe attend quelque part, à l'abri.
Ses pit-bulls : ameutés.
Une fente — un tremblement d'œil gelé dans un vallon.
Il semble usé, comme le lustre d'un lac paisible, inconnu,
que les hommes traversent trop souvent
les pieds nus.
Le signe — tu pourrais croire qu'il est effilé,
presque invisible —
qu'il ressemble à la spirale d'un oiseau
qui retourne affaibli en lui-même,
au bruit d'une balle rechargée dans le canon.
Effilé et presque inaudible, tout comme un ordre révoqué
qui, dans une pièce vide, résonne,
ou tout comme le vent glacial
qui souffle dans une gare abandonnée,
où la respiration des banlieusards fait escale,
comme une monnaie aplatie sur la voie ferrée.
Le signe, voilà tout.
Tu gis dans la rigole, les plombs dans le cou.
Linda Maria Baros / Le Livre de signes et d'ombres / III Le musée virtuel des signes