BÉNI SOIT LE SERPENT
Par domcorrieras, le mardi 21 février 2023 - Poèmes & chansons - lien permanent
La poésie veut quelque chose d'énorme
de barbare et de sauvage
DIDEROT
Tous les endroits que je visite
existent dans ma mémoire
J'y retourne depuis toujours
Comme mes ancêtre
j'y cherche l'eau au puits
une cruche sur la tête
Je suis juive avec eux
Leurs souffrances
s'inscrivent dans mon sang
et coagulent
Sur le bord de ma fenêtre
leurs cendres se posent
aujourd'hui encore
Chaque nuit j'étouffe sous les tonnes
de leurs cheveux rasés
—
Je suis palestinienne avec eux
Leur douleur
s'est plantée dans ma poitrine
Dans mes artères
s'accumulent leurs pierres
autre mur
de lamentation
Lave tes pieds
et quitte ta maison
pour rencontrer l'univers
—
L'immensité de la mer
me traverse
Elle déborde
de mes souliers
—
Lorsque la mer vocifère
comme un vieux curé de campagne
J'enfouis mes péchés
dans les coquillages
que nul ne comptera
Ton poème est à double sens
Celui qui lit — est lu lui-même
par le poème
—
Jamais
je ne serai maître
Je resterai ouvrier
J'écris comme un esclave
pour acquérir ma liberté
Je ne trace pas de cercle
je le franchis —
Je veux des mots
comme des éperviers
volant
fonçant
ivres de soleil
sanguinaires
sans pardon
—
Béni soit le serpent
qui m'apprit la désobéissance
Je me purifie
je ne prie plus
J'allume le feu de mon enfer
et je chante
Je joue avec ma mort
pour la fatiguer
pour l'endormir
comme j'endors Dieu
afin que je vive
sans leur tutelle
—
Le Chrst dit :
Celui qui boira mon sang
et mangera ma chair
sera sauvé
Lucifer abhorrant la viande crue
alluma un feu pour la cuire
Chaque soir
Dieu vient boire
au bord de l'étang
avec le gibier
en attendant
de Se faire abattre
Anise Koltz / Somnambule du jour - Poèmes choisis