La mort en Haïti
Par domcorrieras, le jeudi 12 janvier 2023 - Poèmes & chansons - lien permanent
Quelque part sur cette terre un Roi endimanché les sept jours de la semaine les vingt-quatre heures du jour, circule sous le masque de désirs de tout le monde.
Nulle part vivant ne peut être mieux reçu.
Nulle part Cyclones, Orages, Tempêtes ne trouvent meilleur terrain, ne déploient mieux leur force, ne chantent plus fort, n'entraînent plus d'enfants dans leurs bras, ne trouvent tant de cabanes, de vie pour occuper les eaux qui roulent tout le jour, toute la nuit.
Un Roi endimanché chargé de tout régler et le cœur des humains et les racines des arbre prépare pour chaque puissance sa belle part de surprise à côté de son travail.
Nulle part dans le monde l'enfant n'est plus fragile la mère plus accablée.
Nulle part dans le monde les crocs de la terre ne trouvent de chair plus fraîche.
Nulle part les cimetières n'aspirent plus d'enfants.
Partout en Haïti, en milieu haïtien, les heures donnent le frisson à toutes les âmes qui vivent.
Seul, devant la nature, l'enfant jouit et frémit de la puissance des choses, habité par la mort qui déracine ici et ravit à côté une jeune fille, un arbuste, les espoirs d'une région, les fières passions d'un couple, l'enjeu même de la vie.
On ne va pas à l'école quand on est paysan. Dès trois heures du matin quand la lune bat son plein l'enfant de inq ans a fait dix kilomètres pour faire paître le bétail sur la terre d'un grand-oncle.
Au cours de ses gambades qui lui donnent de vrais muscles et de puissants poumons, les tessons de bouteille lui pompent du sang pour engraisser la terre où pullule le bacille du tétanos.
Et le père à cheval contemple les plantations -
les enfants
regarde le iel et la terre
les saisons éternelles du cœur et du corps
les seuls miroirs fidèles de l'Homme
les seuls lieux du recueillement
Mais les signes de la terre n'annoncent pas l'abondance,
Et le ciel n'envoie des signaux que pour les initiés
On est bien loin de l'Afrique
où les dieux venaient en personne à nos
cérémonies
où les dieux brûlaient tous les gîtes de
la mort par le seul souffle de leurs vœux,
par un seul oui à nos prières
On est bien loin de cette Afrique où un tyran s'agenouillait au seul nom des dieux
On est bien loin de cette Afrique où tous pouvaient chanter et servir
les dieux d'eau et d'amour
les dieux de la terre et du foyer
les dieux du mystère qui apprenaient à l'Homme
le secret du monde, le rôle des lumières du ciel,
de la lune et des étoiles
loin de cette Afrique où les dieux ne nous armaient le brs que pour amener au village le beau sanglier pour la fête d'un nouveau-né
Maintenant en terre d'Haïti, le bras d'un père est armé pour descendre un autre père
Le frère tue son frère
Le père attaque le fils
Et la mère souffre
Le sang coule chaque jour à Port-au-Prince
La vie est triste dans cette grande ville
Le président ne connaît ni son père
ni sa fille
ni son fils
Il apporte aux cérémonies du sang d'Homme au lieu du cabri
Il arrête la vie
La vie en Haïti dès le matin se couche comme un soleil à son midi surpris par un cyclone
Jean Métellus / Au pipiritre chantant