J'INVOQUERAI LE FLEUVE
Par domcorrieras, le samedi 26 février 2022 - Poèmes & chansons - lien permanent
Quelqu'un est venu tôt,
Parmi les tournesols,
Laissant dans un panier des citrons et du pain.
Une lueur lointaine — et nulle plus intime
Au-delà des falaises
Indiquait le chemin de quelles transhumances.
Il y avait dans l'air
Un goût de chèvrefeuille.
J'ai marché jusqu'au fleuve — et l'odeur de la laine était un chien
obscur.
L'autre bord du secret nous a-t-il entendus ?
Quel silence pressent qu'un mystère s'élit ?
Dans cette angoisse même d'un sens et d'un amour,
Cette crainte sous l'arbre, cette fascination de la profonde source
là-bas, derrière l'aube et derrière la mort,
Dont s'éclairent les bois,
Ce désir d'absolu chargé déjà du sang qui donne ressemblance,
— Ce froid sacré où prend l'inaccessible feu ?
Jean-Claude Renard