« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

GLOIRE DE CENDRES


 

 

GLOIRE DE CENDRES derrière

tes mains nouées-ébranlées

au trois-chemins.

 

Naguère Pontique : ici,

simple goutte,

sur

la pale d'aviron noyée,

tout au fond

du serment pétrifié,

on entend soudain sa rumeur.

 

(Sur la corde de souffle

verticale, autrefois,

plus haute qu'en haut,

entre deux nœuds de douleur, tandis

que la luisante

Lune des Tartares grimpait vers nous,

je me suis affouillé en toi et en toi.)

 

Gloire de

cendres

derrière vous mains

de trois-chemins.

 

Les dés jetés, de l'Est, avant et

devant vous, terribles.

 

Personne

ne témoigne pour le

témoin.

Paul Celan / Renverse du souffle
traduit de l'allemand par Jean-Pierre Lefebvre