LA NUIT DE LONDRES
Par domcorrieras, le jeudi 18 avril 2019 - Poèmes & chansons - lien permanent
1970
tant d’oiseaux sur la langue
et la cage des dents
ouverte
tu dis
mais la nuit a des ongles
et l’os
cerne mon peu d’azur
tu dis
je me toi
la peau se retrousse
les nerfs sont blancs
mon oreille n’est à personne
et si
et si
cheveu par cheveu
je me plaquais sur moi
quel corps
dans la chambre
tomberait à l’envers
tu ramasses des creux
tu mets tes doigts dans mes yeux
tu dis
toi me je
dans l’air
une bouche appelle
et le vent se lève
au fond de ma gorge
et le vent pousse un noyau d’obscur
alors
le blanc de l’œil
coule sur nos visages
et c’est la même page
où grandit la même question
alors
la fleur du prisme
écartèle ses arêtes
et de toutes parts
je me souviens de nous
et de nos quatre mains
tombe sur le temps
l’ombre du zéro
un cri
tend son i
pour faire un diamètre
à cette ombre
et si
et si
tu fais boule
autour du moyeu
c’est qu’il faut deux sphères
pour un sablier
maintenant
un cerveau jette du silence
pour cacher sa fuite
et ce qui va
ce qui va de la fêlure aux tempes
est la plaie
la plaie où se perd
ce que tu je nous connais
reste la nuit
rayée d’un nerf
que racle
un rire noir
Bernard Noël / La peau et les mots