« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LES TABLEAUX


 

 

Mais oui, c’est vous, couleurs, c’est toi lumière,

Vous êtes là quand il ouvre les yeux

Avant le jour. Vous étiez à veiller

Près de lui dans la nuit toute la nuit

 

Et remuiez vos mains dans cette eau, le rêve,

Ce qui était des ondes, qui étendaient

Les cercles d’un secret que vous, ses proches,

Vous pressentiez en lui et faisiez vôtre.

 

La terre n’est que le surcroît du rêve,

Un vêtement  qui bouge sur le corps

De celle  qui a beau périr jamais ne cesse.

 

Mystérieux ces plis. Ce qu’ils étaient,

C’est le soleil du soir derrière ses arbres,

C’est l’amande de l’invisible, qui s’ouvrait.

Yves Bonnefoy