« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

CALME

 

 

Quelle est la côte que content les ondes

Et qui ne peut jamais être trouvée,

Pour autant de bateaux qu’il y ait sur la mer ?

Qu’est-ce donc que les ondes trouvent

Que jamais l’on ne voit surgir ?

Ce son, lorsque la mer est pleine,

Où donc, où donc existe-t-il ?

 

Ile qui est proche et lointaine,

Longtemps persiste dans l’oreille,

Pour le regard n’existe pas.

Quel navire, quelle flotte, quelle armada

Pourrait bien trouver le chemin

De la plage où la mer insiste,

Si pour les yeux la mer est seule ?

 

L’espace a-t-il des déchirures

Qui mènent de l’autre côté ?

Si l’une d’elles était trouvée,

Ici, où il n’est que varech,

L’île voilée surgirait-elle,

La belle contrée fortunée

Qui garde le Roi exilé,

Là-bas, en sa vie enchantée ?

 

15-2-1934.

 

Fernando Pessoa / message
traduit du portugais par Bernard Sesé