L’ÎLE
Par domcorrieras, le lundi 5 février 2018 - Poèmes & chansons - lien permanent
Il descendit sur une plage où le soir
Était toujours celui d’anciennes forêts,
Et s’avança,
Et ce fut une rumeur d’ailes qui le rappela
Détachée du déchirant
Battement de cœur de l’eau torride,
Et il vit qui languissait
Et refleurissait un fantôme;
Recommençant à monter il vit
Que c’était une nymphe et elle dormait
Toute droite enlacée à un orme.
Divaguant en lui-même de l’illusion
A la flamme véritable, il parvint à une prairie
Où l’ombre s’épaississait aux yeux
Des vierges comme
Le soir aux pieds des oliviers;
Les branches distillaient
Une pluie paresseuse de flèches,
Des brebis s’étaient assoupies
Sous la tiédeur lustrée,
D’autres broutaient
Le drap lumineux des morts;
Les mains du berger étaient un verre
Poli de fièvre sourde.
Giuseppe Ungaretti / Vie ‘d’un homme / Sentiment du temps / La fin de Chronos
Traduit de l’italien par Philippe Jaccottet, Pierre Jean Jouve, Jean Lescure, André Pieyre de Mandiargues, Francis Ponge et André Robin.