« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Un homme ivre sur les rails


 

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Un homme ivre est couché sur les rails,

Il serre sa flasque dans la main gauche

Et ronfle. Il dort dans la fraîcheur de l’aube.

La nuit s’éloigne sur la route en trottant.

 

Un léger vent nocturne a déjà recouvert

Ses cheveux mêlés d’ordures et d’herbes folles,

Le ciel répand sur lui une rosée divine

Seul signe qu’il est en vie : sa poitrine se soulève.

 

Son poing droit est aussi raide qu’une traverse,

Il dort comme avant, sur le sein de sa mère.

Ses vêtements en lambeaux. C’est encore un jeune     homme.

 

Le soleil n’éclaire pas le ciel couleur de cendre.

Un homme ivre est couché sur les rails,

Au loin, se propage le lent grondement de la terre.

Attila József / Le Mendiant de la beauté
Photo : Attila József par Francis Combes