TAUREAU ONIRIQUE
Par domcorrieras, le lundi 9 mai 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
à Pedro Gregório
J’imagine le grand taureau onirique
qui hante les rêves de ceux qui dorment difficilement
et refusent les soporifiques
Je le vois énorme prêt à charger
il a une tache de sang dans chaque œil
les narines dilatées et un coup de patte sec
résonne sur le toit
tandis que ses artères succombent au poids du sang-mercure
(une pierre de cinq cents tonnes
sur les muscles
et une autre de plomb
qui soupèse le cri)
Le taureau avance collé aux pas lents
de celui qui se perd dans une forêt dense
Soudain le vertige
la gorge de l’abîme au fond
la sensation de mort…
et nous nous réveillons
effrayés
Puis c’est la conversion du taureau
en toile ou en poème
Mais le monstre attend
il réapparaît
après chaque insomnie vaincue
et remplit de cauchemars
les sombres pâturages de la nuit
Arménio Vieira /18 + 1 poètes contemporains de langue portugaise
traductions d’Isabel Meyrelles, Annick Moreau & Michel Riaudel