VANVES
Par domcorrieras, le vendredi 19 juin 2015 - Poèmes & chansons - lien permanent
Je te revois, vieille espérance, qui surnages,
Rose, le samedi déjà presque achevé,
Sur la foule retour de quelque B.H.V.,
Autour de l’ancien métro Petits-Ménages.
Tu te retires vers le Mont Valérien,
Comme autrefois quand on séchait le réfectoire
Pour relire ces vers qui ne nous valaient rien
Et qui cherchaient le sens et la fin de l’histoire
Où me voici, toujours entre l’ombre des mots
Et les jardins que la télé désormais vide
À l’heure où chaque rue offre au marcheur avide
D’aller seul, un désert que hantent ses jumeaux.
Car je ne vous crains pas, fantômes, au contraire.
À mesure les ans ne m’auront dédoublé
Que pour m’alléger davantage, me distraire
Du souci d’être l’un ou l’autre. Il m’a semblé
Vous surprendre au hasard de ce long soliloque
Où je m’entends parfois causer avec l’oubli,
Cependant que mon œil à présent affaibli
Fait d’un vase une tête, un rôdeur d’une loque
Et me confond avec le rose essentiel
Du soir qui refleurit aux vitres du lycée,
Comme si tant d’ardeur obscure dépensée
En vain, se rassemblait pour éclairer le ciel.
Jacques Réda / Lignes 323 / Hors les murs