« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Dharma (extrait)

 

 





Le jeune marin.

Fou dans l’asile de fous

A dormi sur la berge

Déses­péré et malade

Pen­sant que le futur

Lui avait réservé une femme

Et une vie res­plen­dis­sante

Et des pères sou­riants

Et des mères aiman­tes

Et des frè­res de lumière

Et au lieu de ça il s’est

Réveillé au milieu des

Tra­vailleurs des forêts

Qui ont dit "Nous

Pen­sions que tu étais mort"

C’était juste que j’avais

Bu la nuit pré­cé­dente

Avec Lexing­ton Bill

Un marin de Hard­boot

Au pied de la col­line ——

Soûls comme des hiboux

nous avons titubé dans la nuit

Pous­sant nos hur­le­ments

Vers la lumière pâle du matin.

Mon nom était Numé­roté.

Z-305 etc.

Vie est malade

Chiens Tous­sent

Abeilles Voguent

Oiseaux Hachent

Arbres Scient

Bois Pleu­rent

Hom­mes Meu­rent

Tiques Ten­tes

Livres Men­tent

Four­mis Volent

Adieu

Cul­tive les nobles idées

d’absence d’ego

de vide

d’absence d’image

Et tu seras libéré de la pas­sion

Et tou­jours serein

Le Psy­cha­na­liste lèvera les bras

au ciel d’hor­reur quand

il com­pren­dra que le Boud­dhisme

fera de toi

Moi, je m’en Fiche

Au moins, tous les saluts et mer­cis à Dieu,

l’angoisse d’une forme

Dis­pa­raît avec la forme

… . 

Écou­tant des dis­ques dans Phi Gamma

Delta, samedi soir —- O

la gloire res­plen­dis­sante de

cet état angé­li­que —————- !

——— /

Jack Kerouac / Dharma (extait)