« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Le mangeur de nèfles (morceaux choisis)


 

 

 

 

 

…/…

 

Vieux 

cerisier, peu de fruits

pourtant beaucoup de moineaux

 

…/…

 

Idées 

noires toute la journée

je change l’eau des poissons rouges

 

…/…

 

Le vent

repasse l’étang

boutons de manche des canards

 

…/…

 

Le chat dort,

il déteste qu’on éternue

pendant qu’il poursuit des souris

 

…/…

 

On porte

les olives au pressoir

pour l’huile aux hanches d’amphore

 

…/…

 

La nuit

mon ombre va

n’importe où j’allume ma lampe

 

…/…

 

Les cendres

de nos disparus

sont peut-être couchées sur la lune

 

…/…

 

Chaque soir

tohu-bohu d’oiseaux

discutant la politique du crépuscule

 

…/…

 

Les vers mangent

les morts, la poule

mange les vers, et moi la poule

 

…/…

 

Dimanche

à la campagne

et crac ils démarrent les tondeuses

 

…/…

 

Érection 

du matin, pour rien

un peu comme hisser les couleurs

 

…/…

 

Un miroir

n’est jamais seul,

il rêve de se reposer devant le vide

 

…/…

 

Lent

je me réveille,

dans la peau de mue de la chenille

 

…/…

 

Cent mille ans,

l’humain s’il éternue

sent toujours le caveau de famille

 

…/…

 

Café-couette

dit le gîte rural

Compostelle attendra la matinée

 

…/…

 

Fin du marché,

des vieux se courbent

en deux, ils fouillent les cageots

 

…/…

 

Il veut 

se tuer mais

sur le bout de son nez une mouche

 

…/…

 

Fagots

de petit bois

pour le feu, aube aux joues de fille

 

…/…

 

Je t’écris

une longue lettre

là-bas les haricots montent vers le ciel

 

…/…

 

Filles

en blue-jeans

dans la foule, le nid des oiseaux

 

…/…

Werner Lambersy / Le mangeur de nèfles - Haïkus libres (morceaux choisis)