« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LES HEURES CLAIRES - XXV

 

 

 

 

 

Pour que rien de nous deux n’échappe à notre étreinte,

Si profonde qu’elle en est sainte

Et qu’à travers le corps même, l’amour soit clair,

Nous descendons ensemble au jardin de la chair.

 

Tes seins sont là ainsi que des offrandes,

Et tes deux mains me sont tendues ;

Et rien ne vaut la naïve provende

Des paroles dites et entendues.

 

L’ombre des rameaux blancs voyage

Parmi ta gorge et ton visage

Et tes cheveux répandent leur toison

Merveilleuse, sur les gazons.

 

La nuit est toute d’argent bleu,

La nuit est un beau lit silencieux,

La nuit douce, dont les brises vont, une à une,

Effeuiller les grands lys dardés au clair de lune.

 

 

 

 

 










 

 


Émile Verhaeren / Les Heures claires
Illustration : Portrait of Emile Verhaeren - Theo van Rysselberghe