« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Ballade

 






Je connois bien mouche en laict.

Je connois à la robe, l'homme.

Je connois le beau temps du laid.

Je connois au pommier la pomme.

Je connois l'arbre à voir la gomme.

Je connois quand tout est de mesme.

Je connois qui besogne, ou chomme.

Je connois tout, fors que moy-mesme.

 

 

Je connois pourpoint au collet

Je connois le moyne à la gonne.

Je connois le maistre au valet.

Je connois au voyle la nonne.

Je connois quand pipeur jargonne.

Je connois fol nourriz de cresme.

Je connois le vin à la tonne.

Je connois tout, fors que moy-mesme.

 

 

Je connois cheval et mulet.

Je connois leur charge et leur somme.

Je connois bietrix et bellet.

Je connois gect qui nombre et somme.

Je connois vision de somme.

Je connois la faute des bresmes.

Je connois le pouvoir de Romme.

Je connois tout, fors que moy-mesme.

 

 

Envol

 

 

Princes, je connois tout en somme.

Je connois coulorez et blesmes.

Je connois mort qui tout consomme.

Je connois tout, fors que moy-mesme.

François Corbueil, dit Villon