Le jardinier d'amour-LIII
Par domcorrieras, le lundi 12 octobre 2009 - Poèmes & chansons - lien permanent
Pourquoi, d’un regard, me rendez-vous confus ?
Je ne suis pas venu en mendiant.
Je n’ai stationné qu’une heure au bout de votre cour, derrière la haie du jardin.
Pourquoi, d’un regard, me rendez-vous confus ?
Je n’ai pas cueilli une rose de votre jardin;
Je n’y ai pas pris de fruit.
Je me suis humblement abrité dans l’ombre du sentier, où tout voyageur étranger peut s’arrêter.
Je n’ai pas cueilli une rose.
Oui, j’étais fatigué et la pluie tombait.
Le vent pleurait dans les branches agitées des bambous.
Les nuages couraient dans le ciel comme un bataillon en déroute.
J’étais fatigué.
Je ne sais si vous pensiez à moi, ou qui vous attendiez sur le seuil.
Des éclairs brillaient dans vos yeux guetteurs.
Comment pouvais-je savoir que vous me voyiez dans la nuit ?
Je ne sais si vous pensiez à moi.
La journée est finie; la pluie a cessé.
Je quitte l’ombre de l’arbre au bout de votre jardin et le banc sur l’herbe.
La nuit est venue; fermez votre porte. Je continue ma route; la journée est finie.
Rabindranath Tagore / Le Jardinier d’amour / LIII