la suggestion
Par domcorrieras, le jeudi 30 juillet 2009 - Proses & autres textes - lien permanent
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La troisième sorte d’influences, la suggestion, est très puissante. Chacun subit l’influence de la suggestion ; chacun exerce une suggestion sur une autre. De nombreuses suggestions agissent très facilement sur nous, surtout si nous ne savons pas que nous y sommes exposés. Mais même si nous le savons, les suggestions pénètrent.
Il existe une loi qu’il est très important de comprendre. En règle générale, à quelque moment que ce soit, un seul centre travaille en nous — la pensée ou le sentiment. Notre sentiment est d’une certaine espèce quand un autre centre ne l’observe pas, quand le pouvoir de critiquer est absent. Par lui-même, un centre n’a ni conscience ni mémoire ; c’est un morceau de viande sans sel d’une sorte particulière, un organe, une certaine combinaison de substances qui possède simplement une capacité spéciale d’enregistrement.
En fait, on pourrait parfaitement le comparer à la couche sensible d’un ruban enregistreur. Si je lui dis quelque chose, il peut plus tard le répéter. Il est complètement mécanique, organiquement mécanique. Tous les centres diffèrent tant soit peu quant à leur substance, mais leur propriétés sont les mêmes.
Si je dis à un centre que vous êtes beau, il le croit. Si je lui dis que ceci est rouge — il croit aussi. mais il ne comprend pas ; sa compréhension est entièrement subjective. Par la suite, si je lui pose une question, il répond en répétant ce que j’ai dit. Il ne changera pas, ni en cent ans ni en mille ans. Il restera toujours le même. Notre mental n’a pas de faculté critique en lui-même, pas de conscience, rien. Et tous les autres centres sont pareils.
Qu’est-ce alors que notre conscient, notre mémoire, notre faculté critique ? C’est très simple, c’est ce qui entre en action quand un centre en observe spécialement un autre, quand il voit et sent ce qui s’y passe et, le voyant, enregistre le tout en lui-même.
Il reçoit de nouvelles impressions ; et par la suite, si nous voulons savoir ce qui s’est produit auparavant, c’est en cherchant dans un autre centre que nous serons en mesure de trouver ce qui s’est passé dans le premier. Il en va de même avec notre faculté critique — un centre en observe un autre. Avec un centre, nous savons que cette chose est rouge, mais un autre centre la voit bleue. Un centre essaie toujours d’en persuader un autre. Voilà ce qu’est la faculté critique.
Si pendant longtemps deux centres sont en désaccord, à propos d’une chose, ce désaccord nous empêche d’y réfléchir davantage.
G.I. Gurdjieff / extrait de G. I. Gurdjieff parle à se élèves - Stock - Monde ouvert