« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LE VOL DE QUETZACOATL

 

 



 

 

 

Puis le temps à son tour arriva pour Quet­za­coatl, où il sen­tit les ténè­bres rou­ler en lui comme une rivière, comme si elles avaient voulu l’entraî­ner, & il son­gea alors à par­tir, à lais­ser la ville dans l’état où il l’avait trou­vée & à s’en aller, oubliant à jamais l’exis­tence de Tula

 

Ce qu’il fit ensuite comme le disent tous ceux qui racon­tent encore l’his­toire de l’Incen­die : il mit d’abord le feu aux mai­sons d’or & d’argent, aux parois cons­tél­lées de coquilla­ges rou­ges, & aux autres objets de l’art tol­tè­que, nés du tra­vail des mains humai­nes & de l’ima­gi­na­tion du cœur 

 

& il cacha ensuite les plus beaux d’entre eux dans des endroits secrets, dans les pro­fon­deurs de la terre, des mon­ta­gnes & des gouf­fres, il les enterra là, prit les cacaoyers & les trans­forma en aca­cias épi­neux

 

& les oiseaux qu’il avait ame­nés des années plus tôt, aux plu­mes vive­ment colo­rées & aux cœurs ani­més d’un feu vivant, il les expé­dia devant lui, afin qu’ils ouvrent le che­min qu’il allait sui­vre jusqu’à la côte

 

& lors­que tout fut achevé il se mit en route

 

Peu­ple Aztè­que / Le Vol de Quet­za­coatl (extrait) / Les tech­ni­ciens du sacré - Antho­lo­gie de Jerome Rothen­berg - Ver­sion fran­çaise éta­blie par Yves di Manno.- Édi­tions José Corti.