« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

MES­SAGE

 

 




    ­De­puis que nous avions changé

    ­dra­gué roulé tra­vaillé pleuré

    et pissé ensem­ble je m’éveille

    le matin un rêve dans les yeux

    ­mais tu es retourné à N.Y.

    te sou­ve­nant que je suis Bon

    je t’aime je t’aime

    et tous tes frè­res sont fous

    j’accepte leurs cas d’ivro­gnes

Il y a trop long­temps que je suis seul

Il y a trop long­temps que je suis assis

sur mon lit sans pou­voir tou­cher le genou

de quelqu’un homme ou femme ça m’est égal

main­te­nant je veux l’amour auquel j’ai droit

je te veux ici main­te­nant paque­bots bouillant

sur l’Atlan­ti­que écha­fau­da­ges déli­cats de

Gratte-ciel ina­che­vés l’arrière du diri­gea­ble

vrom­bis­sant au-des­sus de Lake­hurst

Six fem­mes nues dan­sent entre elles sur

une scène rouge les feuilles sont ver­tes sur

Les arbres de Paris main­te­nant dans deux mois

Je ren­tre­rai et te regar­de­rai dans les yeux

 

1958












 

Allen Gins­berg / Kad­dish