« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Je me défais de la douleur

 

 

Que suis-je prêt à sacrifier ?
Irai-je aux abattoirs pour boire du sang de brebis,
Me ferai-je oiseau noir sur la cime du dernier arbre ?
Vendrai-je l'ombre du fou sans lui en demander la
     permission ?
Quand on criera mon nom bougerai-je les oreilles comme
     un chien ?
Domine non sum dignus ut intres sub tactum meum
Je laisse ma maison brûler pour la transformer en navire
J'accepte dans mon sépulcre la gloire de l'autre
Je marche sur le même point jusqu'à le convertir en puits
Je me défais de la douleur comme d'un vieux manteau

………………

Me desprendo del dolor
 

¿Qué estoy dispuesto a sacrificar?
¿Iré a los mataderos para beber sangre de oveja?
¿Me haré pájaro negro en la copa del ùltimo árbol?
¿Venderé la sombra del loco sin perdirle su
permiso?
¿Cuando griten mi nombre moveré las  orejas como
un perro?
Domine non sum dignus ut intres sub tactum meum
Dejo que mi casa arda para convertirla en barca
Admito en mi sepulcro la gloria del otro
Marcho sobre el mismo punto hasta convertirlo en pozo
Me desprendo del dolor como de un abrigo viejo

 

Alejandro Jodorowsky / De ce dont on ne peut parler
poésophie traduit de l"espagnol (Chili) par David Giannoni