« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Chanson


 

 

Qu'il brûle l'été

Aux épaules nues !

Les près flambaient moins que notre impatience

Nous n'avons rien dit quand je t'ai tenue

Ton corsage ouvert — et ce grand silence.

 

Qu'il tombe trop tôt

L'automne aux châtaignes

Rousses ! Mais la blonde et la brune aussi.

Ce regret sur moi c'est comme une teigne

je ne sais plus bien quoi chercher ici.

 

Qu'il fait noir le jour !

Sur toutes les belles

Les amours s'en vont, s'en vont à Bagneux

Les belles s'en vont, vont en ribambelles

Se perdre au loin des sables heureux.

 

Dans la salle en bas

Une guêpe rôde

Autour d'un pichet de cidre entamé,

Nous n'étions plus là — et tombe ta robe

Et passe le temps où tu m'as aimé.

 

Qu'il brûle l'été

Aux épaules nues !

Ma soif est pareille et mon impatience

Les belles s'en vont, s'en vont inconnues

Vers Bagneux, le sable, et vers ce silence

 

Qui clôt la chanson de ta bienvenue.

André Hardellet / Les chasseurs