« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Fumée


 

 

— Pas mal ton rouleau « chat-fumée ».

— Ah tu l'as appelé comme ça ?

— Oui, c'était le plus simple.

— Alors ça te plaît ?

— Oui, j'adore ! Ce personnage qui fume… la fumée qui se transforme en chat… qui absorbe le personnage… qui devient lui-même de la fumée… et au final c'est la chat qui fume ! Puis qui se dissout à son tour…

— Comment tu l'interprètes ?

— De plein de manières !… Humain, animal… c'est égal, finalement, non ?

— Un peu…

— « En quelque sorte »…

— L'impermanence… c'est ça, au fond ce dessin : l'impermanence.

— C'est ça.

— C'est peut-être pour cette raison que je n'arrive toujours pas à arrêter de fumer…

— Quel rapport ? Tu me l'avais promis pourtant !

— Oui je sais bien. .. j'en suis tellement désolée…

— C'est trop bête… tu sais bien comme ça m'inquiète…

— Tu m'as dit de faire comme je sens… Et je fais surtout comme ja peux !

C'est déjà pas mal, tout ce que tu fais…

— Je ne voudrais pas trouver de raison fallacieuse, mais au-delà du phénomène de l'addiction, je crois vraiment que l'acte de fumer matérialise pour moi l'impermanence… comme ton dessin…

Corinne Guerci / Les petites lumières bleues