« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LA CASTIANIRE D'OLIVIER DE MAGNY


 

 

Au lecteur

 

SONNET

 

 

D'or barbarin et d'argent de copelle,

D'aniz, d'œilletz, de roses et de lys,

Et de boutons avecq' l'aube cueillis,

J'ay façonné ceste couronne belle,

 

Pour en orner, d'une forme nouvelle,

Le sacré chef de l'autheur que tu lis,

Qui tellement a mes yeux embellis

Que, luy mourant, j'en suis faite immortelle.

 

Et toutefois, si tu trouves plus beau

Le verd laurier pour luy faire un chapeau,

Compassé l'en et luy couvre la teste ;

 

Il me suffit d'avoir part en son cueur,

Et de le voir ainsy de moy vainqueur

Comme de luy je fis ample conqueste.

Poème attribué à Louise Labé / Les Amours d'Olivier de Magny, Paris, Estienne Groulleau, 1553.