« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Je traine sous la langue


 

 

Je traine sous la langue

l'hostie

du premier satori
 

Celui de la parole du Christ

embrumée de chapelles
 

Celui des lourdes et larges et

hautes bannières

portées comme des frondaisons

sur les épaules d'hommes-chênes
 

Ô ce que j'ai aimé !
 

Mon peuple dans la danse ma

communauté
 

Où êtes-vous ? Peuple d'oiseaux

migrateurs immobiles et droits

dans le chant des saisons

par le kan-ha-diskan
 

Vous reviendrez-nous ?

Avec votre vacarme de roseaux

Vanniers du souffle à dénouer la pierre
 

enfants terribles du culte

bagarreurs de gouren

à la fin des Pardons
 

piliers de buvette

aux nuques parcheminées de soleil

avec vos porte-monnaie

tout de cuir

et vos couteaux de pauvres

en fer inoxydable
 

Où êtes-vous ? Vous me manquez
 

terriblement

Patrick Prigent