« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

ATTENTE


 

 

Les hirondelles du souvenir

Voyagent d'un doigt à l'autre

Et sur le bout du doigt

Le lézard vert de l'avenir

Mange les mouches du cœur.

 

Je donnerai cette pastille

A la langue qui baisera l'ennui fidèle,

J'accepterai la main

Qui donnera des graines de soleil,

De lune, d'étoiles et de nuages

A mon perroquet vert.

Je crie :

A moi, à moi, à moi !

Mais je sais bien que ce n'est qu'un perroquet à l'œil vorace,

 

Car je n'appelle pas, ni moi, ni vous ni personne.

Sous le masque j'ai mis le vide.

Dans le vide j'ai mis les mille lettres de l'alphabet,

Cela fait un beau concert

Bien qu'il n'y ait personne.

Et pourtant j'attends, j'attends,

J'attends le zéro qui ne viendra jamais.

Georges Ribemont-Dessaigne