MONTÉE AU PAVILLON DE L'ÉTANG
Par domcorrieras, le lundi 26 avril 2021 - Poèmes & chansons - lien permanent
Le dragon cornu des abîmes rayonne de beauté secrète ;
L'oie sauvage, en son vol, emplit l'espace de ses cris.
Pour vivre au firmament, j'ai honte de n'avoir l'aisance des
[nuages ;
Pour gîter sous les eaux, je rougis de n'avoir la profon-
[deur des gouffres.
Cultiver la vertu Je connais ma sottise…
Retourner à la terre ? Je manque de vigueur…
Au fil de ma carrière, je touche aux mers du bout du
[monde,
Pour me coucher, malade, auprès des bois déserts.
Entre les draps et l'oreiller, j'embrouille les saisons ;
Ouvrons donc le rideau, et jetons un coup d'œil.
Je prête l'oreille et perçois les vagues de la mer ;
Je lève les yeux et discerne une chaîne escarpée.
Un nouveau paysage succède au souffle de l'hiver ;
Le Yang en sa fraîcheur relève le Yin épuisé.
La berge de l'étang se couvre d'herbes printanières ;
Les saules du jardin suscitent des oiseaux chanteurs.
Foisonnante foison, poignante comme un chant de Pin !
Opulente opulence, touchante comme un air de Tch' ou !
Vivre tout seul, c'est couler à jamais des jours faciles ;
Mais, loin du monde, il est ardu de bien asseoir son âme.
Pourquoi réserver aux anciens la maîtrise de soi ?
L'apaisement, j'en ai la preuve, est possible aujourd'hui.
Sie Ling-yun (Xie Lingyun) / Anthologie de poésie chinoise classique