« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

POÈMES


 

 

I

 

La fille aux yeux d'âne

a, sur sa peau de sable,

mis un collier de plumes

et elle dort sur la plage.

Le soleil pique doux

un sommeil de morphine

corps d'ouate et de velours

où circulent des rêves tièdes

et des rêves légers où l'on s'envole

car elle est au réveil

maladroite et brutale.

 

 

II

 

Statue fardée coiffée de soie

sur champ d'azur

androgyne de foire

plâtre des salles d'étude.

Comme vous voilà belle,

déguisée par nos mains.

Corinne, grecque enturbannée,

votre prunelle peinte

est-elle sœur des agathes ?

Regard pétrifiant de Pallas Athénée.

Maurice Fombeure / J'ai mal à mon village (extrait)