LE MUR
Par domcorrieras, le samedi 28 novembre 2020 - Poèmes & chansons - lien permanent
Je fus un mur et je connus la pioche
Qui détruisait mes pierres, mon ciment.
Jadis le lierre venait à ma rencontre
Et comme un chat grimpait sur mes épaules.
Je fus un mur, inutile sans doute,
Ne limitant domaines ni prisons.
Un grand mur libre et n'ayant que le vent
Pour ennemi facile et doux à vaincre.
J'entends les coups, je sens le pic immonde
Qui fait crier mon silence et mon jour,
Mais je me tais, je retourne à la terre.
J'aimais le soir converser avec l'arbre
Et voyager avec l'oiseau moqueur.
De l'un à l'autre il portait des paroles
Où tout n'était que tendre liberté.
Qui portera dans le temps témoignage
Du fusillé qui dormit contre moi ?
En partageant avec lui quelques balles,
Son sang devint un peu de ma lumière.
Robert Sabatier / Icare et autres poèmes
photo Alexandre Marchi