« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

TOI QUI NE REVIENS PAS


 

 

Toi qui ne reviens pas, toi qui ne reviens pas

Je t'appelle, je t'appelle, pourquoi ne reviens-tu pas ?

On a enchaîné mes pieds

On m'a mis le carcan au cou

On m'a passé les menottes.

Et on m'a mené vers le palais du gouvernement.

Toi qui ne reviens pas, toi qui ne reviens pas

Ma compagne de la terre entre les deux rivières

Ma compagne du pays des deux montagnes,

Pour l'amour de Dieu, viens sur mon passage

Et porte sur moi ton regard pour que je marche

     comme un homme libre.

O Dieu des vents et des lumières, Dieu du cœur et

     de l'espoir,

Fais souffler le vent plus fort et réveille ma

     bien-aimée,

Que je l'aperçoive un instant sur ce rude chemin

Pour ne plus sentir la lourdeur de mes chaînes,

Pour avoir encore une fois la certitude d'être

     aimé.

Que m'importent alors les chaînes et ce carcan,

Qu'elle porte sur moi son regard, je marcherai

     comme un homme libre.

Peuple Kurde / Anthologie de la poésie populaire kurde
traduction Gérard Chaliand