« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Magie blanche


 

 

Je t’aime
jusqu’à l’âme exposée des feuillages
où s’embrasent des volatiles d’azur
J’enjambe tes gués
d’herbes tendres et de pierres polies
à travers les grandes coulées de la lumière
Je t’aime
fontaine de mousses de voix claires et de fougères
Un soleil assoiffé te darde d’ardents désirs
je viens boire le nectar de la rosée
dans le creux de tes mains de fleur sauvage
Je t’aime
avec le cerf qui s’étonne de tes grands écarts
à la lisère des crépuscules où abondent les sortilèges
Je t’aime
à la pointe la plus extrême de cette île
où Tristan depuis toujours attend Iseult
dans l’œuf alchimique du temps
Je t’aime
dans la blancheur des cerisiers qui neigent
dans l’air léger du renouveau
Je t’aime à la source des étoiles filantes
entre les aubes où gloussent les tourterelles
Je vais bientôt partir avec le peuple des abeilles
pour récolter le pollen des mots d’amour
Je t’aime
Et la mort elle-même
Succombe au charme
De mon poème.

André Chenet / Recueil en attente