« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Le bout de l'Europe


 

 

Ce que j'aime à Ostende c'est l'odeur du pétrole

décorant une mer salie par un ciel sans soleil

le reste est une autoroute qui me graisse les doigts

une pause de varech, l'histoire d'une dune déçue.

 

Il m'a fallu beaucoup d'imagination

pour appeler après l'Angleterre, là bas, si blanche :

ainsi donc, un pont de brume claire relirait

deux pays, une route que seuls les tankers percent?

 

On a beaucoup construit, ici, affreux partout

il me faut une sacré dose de nausée du bonheur

pour trouver dans le béton, du sable, des châteaux.

 

Un bunker dans la mer, vieux reste de chamailleries

tout s'est harmonisé au service d'un canon rouillé

ô vieille Europe, Ostende, extrémité!

Xavier Frandon / Poèmes-vrac