« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Quand j'étais tout petiot


 

 

Quand j'étais tout petiot

J'étions déjà si grand devant l'immensément

Si puissant de mon ombre peignant les hautes herbes

Et tout là-haut dans l'azur tout gris tout sale

Dieu n'était-il pas mon frérot ?

Je bâtissais des barrages dans le ruisseau

Rêvant de fabuleuses catastrophes

Guerres feux et inondations à foison

Ah que j'étais heureux d'être seul au monde

Belles heures d'abandon au bord de la mare

Où vers aspics têtards et grenouilles

Chantaient la gloire de mon zizi

Longtemps tripoté avec la morve au nez

Et mes deux pieds plantés dans la boue

 

Quand j'étais tout petiot

J'étions déjà si grand devant l'immensément !

Dom Corrieras - Maizières-lès-Metz - juillet 2020