« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Il fallait bien que le débordement cesse


 

 

Il fallait bien que le débordement cesse

Mutisme ou bavardage

Offrande ou sacrifice

dans la peau de l’Outre du langage

dans l’au-delà  pourpre des limbes

 

Il fallait que le débit de la parole

double l’écluse

du premier mot ingéré digéré

articulé au sens intuitif médité

Du premier mot jusqu’aux suivants

sans que la crue saignât

qu’il se signe d’alluvions approximatives

d’allusions éboulées

fausses proximités abusives

la rive du langage où veille le naufrageur

le fleuve

des lèvres

abouché

à l’estuaire sacré

à la source profane

et vice versa

Que l’approvisionnement

mène la phrase

à la syntaxe neuve d’un monde

le monde d’une nouvelle syntaxe

Sève sang

Suée salive

dans une confluence apte

à créer crever l’avenir

en son abcès créatif

 

Qu’est-ce

qu’était le premier mot

il importe il importait

que sa perception s’éveille se vrille

comme pampre à son thyrse

des sens

comme 5 doigts de la mains

+ 1

balises mouvantes

du stylographe

flux tectonique de l’Incertain

 

Il fallait

que le monde se réécrive

Murielle Compère-Demarcy / Inédit. écrit pour Le Bordel des poètes.