« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Dans le parc de Thaley


 

 

XXXI

 

Dans le parc de Thaley, j'ay dressé deux plasons

    Sur qui le temps faucheur ny l'ennuyeuse estorse

    Des filles de la nuict jamais n'aura de force,

    Et non plus que mes vers n'esteindra leurs renoms.

J'ay engravé dessus deux chiffres nourrissons

    D'une ferme union qui, avec leur escorce,

    Prend croissance et vigueur, et qu'avecqu'eux s'efforce

    D'acroistre l'amitié comme croissent les noms.

Croissez, arbres heureux, arbres en qui j'ay mis

    Ces noms, et mon serment, et mon amour promis.

    Aupres de mon serment, je metz ceste priere :

« Vous, nymphes qui mouillez leurs pieds si doucement,

    Accroissez ses rameaux comme croist ma misere,

Faites croistre ses noms ainsi que mon tourment. »

 

Agrippa d'Aubigné / L'Hécatombe à Diane