Ode à Joy
Par domcorrieras, le lundi 30 mars 2020 - Poèmes & chansons - lien permanent
À ce jour, bien trop d’exorcisme, d’incantations,
de chants t’ont été dédiés par des hommes,
ainsi au sujet de tes cheveux épars, quand
les mains du vent les attachent, les torsadent
puis les ébouriffent comme le cour de celui qui te loue.
Mieux vaudrait donc que je me taise, mais voilà :
il y en toi une façon terriblement féminine
de me faire tourner la tête dans le sillage
de tes hauts talons perfides, semblable
au chavirement de mes pensées
dans l’enjambement, ou encore au séjour
de mes sentiments dans un désir lubrique
sous la magie de la formulation —
gare ! nous voici à déjà épier l’endroit
ombragé où je veux m’étendre, la source
d’où jaillit la vie, mon trésor… en effet,
là-bas, entre tes cuisses, à l’orée de ta jupe.
Et puisque, coquette, tu retouches tes lèvres :
tu auras sans doute remarqué que le rouge,
en cela pareil à la bite d’un chien, émerge
d’un prépuce. Oui, ma biche, tout se résume au sexe.
et nous, bonshommes qui déclamons, de sublimer.
À l’église de la Sainte-Émancipation, là où, asexués,
les sexes se côtoient, accorde-nous ton pardon…
Bon, d’accord, je me tais. Mais remémore-toi
ton hymen en train de se déchirer :
quand Joy sourit, le service de mariage se brise.
Benno Barnard / Le service de mariage
traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Daniel Cunin